Présenter les œuvres de Bernard Blondet dans une galerie habituellement consacrée à l’art et à la céramique contemporaine relève d’une approche stimulante. Tous ces pots qui s’alignent aux murs comme dans un paisible vaisselier s’animent sous le pinceau attentif de l’artiste, prêts à nous faire voyager dans l’imaginaire des souvenirs d’enfance. Qui n’a pas en mémoire une cruche en terre cuite où nos grands-parents gardaient le vin au frais ou l’eau de l’orangeade pour désaltérer leur progéniture au goûter ? Ici ces récipients familiers prennent une singulière dimension poétique parce qu’ils ne sont pas de simples représentations mais des évocations imprégnées de poésie, avec un sens indéniable de l’essence de ces objets. L’usage des teintes, la perception des volumes, tout suggère la présence d’une aura mystérieuse qui font de ces pots des témoins non seulement de la vie quotidienne mais de nos rêveries silencieuses.
On pourrait craindre que la comparaison avec de célèbres natures mortes de Cézanne ou de Giorgio Morandi ne fassent de l’ombre à celles de Blondet, mais notre peintre ne s’inscrit pas dans la même tradition. Son dialogue avec les objets relève d’une mise en scène d’une puissante vision de la matière qui irradie le dessin et nous fait complice de sa perception presque monumentale de ces pots, en une collection improbable d’émotions secrètes. Le peintre réussit à nous faire sentir la texture des choses et à nous enchanter par sa sobriété de conteur. Qu’on ne s’y trompe pas : ces pots ne sont pas de simples objets de terre transcrits en images, ils sont un hymne à l’art du potier car ils tentent de nous faire pénétrer au cœur de la matière.
Jean-Marie Marquis, conservateur et critique d’art
Dossier de presse Bernard Blondet